SE RECONSTRUIRE
Les jours passent lentement du point de vue de la prisonnière, ses questionnements sur les agissements du soldat se font plus nombreux, ses blessures se soignent. Pensant aller mieux, Sam arrache l’atèle qu’elle a sur le bras, elle le bouge légèrement, la douleur lui est beaucoup plus supportable à présent.
Malgré l’attente, la jeune femme n’a que peu de nouvelles de l’extérieur, l’anxiété monte en elle de jour en jour, pendant lesquels elle se renferme de plus en plus sur elle-même.
« Tu devrais y être habitué Sam, ça doit faire 3 ans » prononce-t-elle faiblement. « Tout ce qu’ils veulent c’est de faire du mal, ne fait pas attention à ce qu’il a dit. »
« Mais s’il disait vrai… si je pouvais me rendre utile » répond Sam à elle-même, toujours aussi faiblement.
« Parce que le sort de l’humanité t’intéresse ? Ils t’ont tout pris, même avant la pandémie ! »
« Il me reste ma sœur, elle n’était pas là ! Elle doit être encore en vie »
« Que de magnifiques espoirs. Malheureusement, avec cette épidémie, tu penses réellement qu’elle puisse être encore en vie ? »
« … »
« C’est bien ce que je pensais, rien n’est sûr, alors autant les faire tomber. »
« Et abandonner tout le monde ? Personne ne me connaît, je n’ai aucun ami ici, aucune famille, je peux démarrer une nouvelle vie »
« Une vie en tant que chienne de ce salop ? Laisse-moi rire. »
La porte s’ouvre sur le soldat, surpris d’entendre une voix si faible pour Sam, mais surtout de l’entendre parler seule. Il reprend son sang froid et un air neutre. Son arrivée a attiré le regard de la jeune femme, celle-ci est surprise, en colère et honteuse qu’on puisse l’avoir entendue.
« Bonjour Sam » commence le militaire « Tu te sens seule ? »
La jeune femme se renferme d’autant plus sur elle-même et ne répond pas à la question.
« Tu as réfléchi à la question que je t’ai posé ? » Continue-t-il.
« Je serais utile pour combattre » répond-elle.
L’homme sourit légèrement à l’entendre donner cette réponse.
« Relève-toi et mets-toi en position de garde » ordonne-t-il.
Sam ne bouge cependant pas suite à l’ordre de l’homme.
« Sam. Si tu veux te rendre utile, je t’ordonne de te lever et te mettre en garde »
« Je suis pas ton chien » lance-t-elle en réponse.
« Tu es sous mes ordres, tu me dois donc obéissance ! »
« Je n’ai jamais accepté d’être soldat, et je n’accepterais pas si je dois être sous tes ordres. »
« Tu n’as pas le choix Sam. »
La jeune femme n’offre pas plus de réponse à l’homme. Pensant que la discussion est close, il finit par sortir, plus qu’agacé.
Après être sorti, le soldat se dirige vers un autre bâtiment, dans une salle de réunion, il est le dernier à y entrer. Dans cette pièce se trouve déjà 6 personnes, plus de la moitié semble avoir déjà vécu la guerre à leur regard et certaines de leur cicatrice. Seul l’un des hommes semble nouveau dans ce poste, mais sa prestance est déjà bien présente. Tous se saluent militairement.
« Sergent Calvet, où en êtes-vous avec la chose ? » Demande le plus gradé.
« Loin du résultat escompté Colonel » répond-il.
« Que préconisez-vous ? »
« Si je peux me permettre Colonel ? » demande le plus jeune présent.
Le concerné hoche la tête en direction de ce jeune homme. Celui-ci se lève pour parler à l’auditoire.
« Je pense que nous devrions la mettre sous l’autorité d’une autre personne. Celle-ci ne se montre-t-elle pas hostile envers le Sergent-chef ? »
« Vous avez raison Capitaine. C’est pourquoi vous êtes tout désigné pour cette responsabilité » répond un autre militaire. « N’êtes-vous pas d’accord ? »
Les autres personnes présentes hochent la tête, excepté le Sergent-chef. L’une des personnes le prie ensuite de partir avant que d’autres discussions ne commencent, plus confidentielles.
Dans le fond de sa cellule, un endroit que l’on ne peut facilement voir depuis la vitre ou la porte, Sam se repose, d’autant plus en colère. De l’autre côté de la vitre, le Capitaine arrive d’un pas neutre.
« Capitaine vous ne pouvez pas entrer maintenant. Elle risque de vous attaquer ! » Dit un médecin, anxieux comme à chaque fois que la prisonnière tente de se cacher.
« Je souhaite faire sa connaissance le plus tôt possible monsieur » répond calmement le gradé « Je suis son supérieur. »
« Espérez qu’elle n’ait pas envie de vous sauter dessus » conclu le civil.
Le militaire sourit légèrement avant d’aller toquer à la porte de la cellule. Le bruit surprend Sam, son regard se tourne vers la porte alors qu’elle se fait la plus petite possible. Sans réponse, l’homme entre doucement dans la pièce et cherche la captive du regard. Il lui sourit en la trouvant.
« Je dérange ? » Demande-t-il d’un air doux.
La concernée répond d’un simple signe de tête. Le sourire de l’homme s’agrandit alors qu’il referme la porte doucement. Il fait un pas vers elle avant de se baisser, prenant la position du squat asiatique.
« Je me présente » continue l’homme « Je suis le capitaine Max Millan, et ton nouveau responsable. Le sergent-chef qui était en charge de toi a été démis de son rôle. »
La concernée affiche un visage d’incompréhension face à l’officier, ce qui le fait rire. En réaction, Sam se met doucement à grogner, assez fort pour que le soldat l’entende, mais aussi réagisse. En une seconde seulement, il est en position de garde, prêt à se défendre. Les deux se regardent pendant environ une minute en chien de faïence avant que la captive ne se calme.
« Même si je ne suis pas le sergent-chef, je n’en reste pas moins responsable de toi et une personne que tu vas devoir respecter » énonce avec froideur l’homme.
La jeune femme se remet ainsi à grogner au nez de l’homme, tout en cherchant à s’en éloigner le plus possible. Voyant sa réaction, il ne se remet pas en position de garde et l’observe simplement faire avant de reprendre.
« On va devoir travailler ensemble. Donc je te laisse le choix, écouter les conseils de gré ou de force »
Sam n’offre pas de réponse, une fois à l’opposé de lui, elle reste muette, méfiante, et prête aussi à se défendre.
« M’as-tu compris ? » demande-t-il, pour être simplement sûr.
La jeune femme offre à nouveau un simple signe de tête au militaire, ce qui le désespère grandement. Il met un petit temps à réfléchir sur ses formulations.
« Bon, je reprends. Je suis le capitaine Max Millan. Maintenant tu es sous ma responsabilité, plus sous celle du sergent-chef Calvet » Il marque une pause pour savoir si elle suit avant de reprendre « On va devoir travailler ensemble. Donc soit tu écoute volontairement, soit on te force à écouter. »
« Je n’ai pas d’autre choix !? » s’énerve-t-elle.
« Au vu de la dangerosité dont tu as fais preuve, le choix ne t’appartient plus entièrement. Si tu veux avoir plus de choix, tu vas devoir y mettre du tien pour nous prouver que tu n’es pas un danger. »
Sam reste muette sur le coup, il a malheureusement raison. Il semble légèrement heureux de ne pas avoir à la forcer ou se répéter cette fois-ci.
« Puis-je au moins connaître ton nom ? » Demande, plus gentiment, le soldat.
« Sam »
« Pas de nom de famille ? »
« Ça te regarde pas ! »
« Très bien, enchanté Sam Smith »
« Smith ? »
« C’est un équivalent de John Doe. Un nom factice » s’amuse légèrement Max.
« Donc on commence par quoi Capitaine ? »
Le soldat sourit gentiment en voyant Sam accepter.
« On commencera demain, repose-toi » dit-il calmement « j’ai appris que tu avais été gravement blessé, je ne veux pas t’épuiser. »
Mise à jour : 3 novembre 2020 19:57 Auteur : EmotionnAliceIl y a actuellement 0 commentaire.