SE RECONSTRUIRE



CHAPITRE 2 : OSCILLATION

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Pendant la nuit, les scientifiques et militaires de garde ne quittent pas des yeux une seule seconde Sam. La captive ne semble pas bouger de la nuit, assise dans un coin de la pièce, la tête contre le mur. Du sang a coulé de son bras pendant prêt d’une demi-heure, une petite mare de sang s’est formée contre elle. L’indifférence visible de la prisonnière face à ses blessures met mal à l’aise ses geôliers, ceux l’ayant vu pendant son retour à sa cellule sont à présent entièrement convaincus qu’elle n’est plus humaine même si elle en garde l’apparence.

Au matin, le militaire est de retour, ce qu’il avait demandé est prêt. Il désigne un médecin et deux garde pour l’accompagner dans la cellule, Sam n’a pas bougée de la nuit.

« Bonjour Sam. » Commence le militaire d’un ton froid puis observe sa réaction.

La jeune femme ouvre doucement les yeux avant de les relever vers lui, sans dire un mot, sans se lever ni plus bouger que nécessaire.

« Ses yeux ne sont pas censés être verts ? » demande faiblement le médecin à l’un des soldats.

« Normalement si, mais elle doit plus fonctionner comme un humain » répond le soldat interrogé.

« Ne faites pas attention et occupez-vous de la soigner » ordonne le plus haut gradé.

Le médecin s’approche de Sam, avec peur, avant de saisir son bras cassé. La blessée tourne son regard vers le médecin. Celui-ci tressaille, cherche de l’aide vers un militaire. Le plus haut gradé hoche la tête pour lui indiquer de continuer. Doucement, l’urgentiste place une attelle sur le bras de la blessée avant de regarder la blessure sur l’autre bras, dégât cicatrisée, mais une balle semble toujours présente à l’intérieur. L’homme prend de quoi la retirer, essaie de ne pas trop faire mal à la jeune femme. Une fois l’opération terminée, il tourne son regard vers celui de Sam, celle-ci n’a aucune réaction, elle continue simplement de l’observer.

Une fois les soins terminés, celui qui du les faire se presse pour sortir. Les deux soldats le suivent de près, loin d’être rassurée d’être dans la même pièce que le monstre. Seul le haut gradé reste, il observe Sam avec attention sans comprendre son comportement.

« Sam. » Commence l’homme, attirant le regard de la concernée « Demain on reprend les tests. Compris ? »

Aucune réponse visible de celle-ci. Le militaire fait un pas sur le côté, suivit par le regard rubis. Mal à l’aise, il ne reste pas plus longtemps, mais il fait aussi attention à ne rien montrer de ses émotions à Sam. Une fois sorti, il se dirige vers la pièce d’observation.

« Observez là uniquement, si elle fait quelque chose, notez-le. On va rester sur ça pour le moment. » Ordonne-t-il aux médecins présents. « Si jamais ses yeux reprennent une net coloration verte, je veux être le premier prévenu. »

Sur cette dernière phrase, les scientifiques sont assez surpris. Ils ne pensent pas que ses yeux puissent reprendre une couleur normale. Ils obéissent tout de même, observent le comportement de la jeune femme et veillent à sa bonne santé.

Le lendemain, un certain militaire entre dans la cellule de Sam, il tente de dialoguer, mais il se retrouve à monologuer. Comme les jours suivants, pendant quelques semaines.

Un jour, avant d’entrer dans la cellule, le militaire est prévenu que Sam semble avoir légèrement changée de comportement, et qu’elle aurait retirée son attelle. Cette nouvelle lui fait arraché un sourire avant d’entrer.

« Bonjour Sam. Il paraît que tu vas un peu mieux aujourd’hui » commence l’homme.

La concernée ne répond pas, son regard semble colérique, moins rubis.

« Toujours aussi muette à ce que je vois. Je pensais que tu avais fait des progrès depuis quelques semaines. »

La colère est rapidement remplacée par de la surprise, qui tout comme le rire, fut contagieux sur le coup.

« Comment ça quelques semaines ? Pourquoi j’avais ça ? » demande Sam, colérique, et montre l’attelle retirée.

« Elle parle ! » se moque le général avant de redevenir sérieux « Pourquoi ces questions ? »

« La dernière fois, t’étais derrière une vitre à m’observer. Et avant, t’es jamais venu »

La surprise est d’autant plus grande à présent pour le militaire. Il marque une pause avant de se tourner vers une vitre teintée puis à nouveau vers Sam.

« Te souviens-tu de ta tentative d’évasion ? » Demande-t-il d’une voix stricte.

Sam fait un pas en arrière, sur ses gardes, elle ne veut pas qu’il lui fasse croire des choses qu’elle n’a jamais faits, ou qu’il utilise ça pour la punir encore. Le recul lui fait arracher une grimace, une douleur vive dans son bras se réveil, surtout à cause des mouvements, la douleur lui fait tenir son bras, en espérant que ça puisse la calmer.

« Vous m’avez fait quoi !? » S’énerve Sam.

« Demande-toi plutôt ce que tu as fait », s’énerve aussi le militaire. « et fait preuve de politesse devant tes supérieurs. »

La captive reste silencieuse, dans l’attente d’une réponse du militaire.

« N’as-tu vraiment aucun souvenir ce ton évasion ? »

Elle ne répond pas de vive voix, un simple non de la tête lui suffit de son point de vue. Le militaire soupire un coup avant de se tourner vers la vitre teintée à nouveau.

« Faites venir un médecin », dit-il

« Non », répond dans l’instant Sam « J’en ai pas besoin. »

Le militaire tourne son regard vers elle, énervé de sa réaction, énervé de son obstination, énervé qu’elle ne veuille pas entendre qu’elle est unique et que tous ont besoin d’elle. De rage, il vient saisir le bras blessé de la pauvre femme, ce qui lui arrache un cri de douleur.

« Si tu n’as pas besoin d’un médecin, tu as besoin de quoi alors pour ton bras ? »

Elle baisse légèrement le regard mais ne lui offre pas de réponse.

« C’est bien ce que je pensais. »

« Je n’aurais pas besoin d’un médecin si tu ne m’avais pas enfermé ici ! Je n’ai jamais demandé à être ici ! »

Le militaire resserre sa poigne sur le bras de Sam, celle-ci tente alors de le mordre. Par réflexe, le combattant n’hésite pas une seule seconde, son poing vient frapper la mâchoire de la blessée et la met au sol facilement.

« Tu pensais pouvoir avoir quelle vie dans un monde où chaque seconde compte ? » demande-t-il.

« Celle que je choisis. »

« Ce n’est plus qu’un lointain rêve pour tous » commence le soldat « Chaque personne ayant des facilités dans un domaine utile se doit d’être dans ce domaine. Nous n’avons pas le temps de former ceux qui peuvent déjà être utiles. » Il marque une pause, observe Sam avant de reprendre. « Un fils de boulanger ou de cuisinier ayant pu apprendre avec son père sera plus utile à s’occuper des stocks et cuisiner que s’occuper d’un potentiel bétail. Tu possèdes des liens avec ces choses, une immunité même face à eux. Où penses-tu être utile ? »

Le gradé observe Sam, dans l’attente d’une réponse. Après quelques minutes, il sort de la pièce et prétexte laisser la jeune femme réfléchir.

Quelques minutes plus tard, d’autres soldats entrent accompagné d’un médecin, le même qui l’a soignée la dernière fois. Sam se montre cette fois plus hostile, ce qui oblige les militaires à la retenir de force. L’urgentiste met cette fois deux fois plus de temps pour la soigner, alors qu’elle est moins mal en point que la dernière fois.

La prisonnière se retrouve ensuite à nouveau seul dans sa cellule. Même si elle tente de ne plus penser aux paroles du soldat, celles-ci lui restent en tête. Les jours passent sans qu’elle ne puisse voir quelqu’un.

Mise à jour : 3 novembre 2020 19:56 Auteur : EmotionnAlice


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