La peste dévore nos terres. Les cadavres s'empilent, la famine enfonce ses dents empoisonnées dans notre chair.

Pendant que je dépose mon pied sur la neige fraîche, cette dernière crie quand je la compacte avec mes bottes de cuir. Autour de moi, seule la misère m’accueille, des hommes, la peau sur les os, tendent leurs mains, cherchant une quelconque clémence, mais je n’avais rien, moi même je me dessèche de faim … Je ne peux pas donner plus.

Mais, ce n’était rien si je compare avec l’horrible spectacle que mes yeux ont le malheur de percevoir.

Une jeune fille se faisait traîner par terre par un homme au masque de corbeau, l’attachant par le cou pour l’empêcher de fuir. Elle est couverte de pustules, ses yeux bleu jaunissaient chaques secondes, elle avait de visible difficultés à respirer. Pendant que des êtres gorgés de peur et de haine bombardent cette dernière de tout ce qu’ils peuvent trouver. Jamais je ne laisserais les préceptes d’Ylma être tant bafoués.

Je tends mon bras, laissant un filet de lumière se dégager de ma main. Le sol se met à vibrer, des fissures se propagent pour former un cercle parfait entourant la jeune être dont ses droits avaient été bafoués. De la roche vitrifiée se lève pour entourer la jeune fille. Ce dôme protecteur coupe la corde tenue par l’homme vêtu de noir tout en arrêtant tout les divers objets qui auraient foncés sur elle.

Dans un premier temps ils furent surpris par cette action, certains des assaillants partirent en courant. Mais d’autres encore avides de sang frappent contre mon dôme de verre, sans obtenir une quelconque entaille.

J'élève ma voix, tout en frappant le sol de mon bâton.

- N’avez vous pas honte. Vous bafouez le quatrième précepte délivré par Ylma : “Jamais tu abandonnera ceux dans le besoin”. Vous vous permettez même de rendre sa vie plus misérable. Avez-vous perdu l’esprit ?

L’hérétique masqué s’avance alors vers moi, il enlève ce masque noirâtre pour uniquement cracher sur mon pied, cracher sur le guide du peuple.

- Je n’ai pas d’ordre à recevoir d’un mouton de l’église. Cette infectée doit être brûlée sur le champ. T’es prêt à laisser tout ce peuple mourir juste pour une vie ? Vous les prêtres vous êtes tous les mêmes, vous restez tranquille dans votre maison chaude, et vous priez en un dieu qui n’existe même pas.

Mon sang n’a fait qu’un tour, je manque presque à céder à la colère, mais mon sang froid revient assez vite pour ne pas m’abaisser au niveau de ces personnes.

J’ignore alors cet aveuglé, et je m’avance alors à côté de lui, soulevant le dôme de verre à l’aide de ma magie. Mais l’homme vêtu de noir renchérit.

- T’as choisis de tous nous tuer ! Il mérite le même traitement que pour la fille ! Balancez tout ce que vous avez !

Les projectiles qui fondèrent droit vers moi me sont aisément déviés, mais cela ne les empêchent pas de lancer tout ce qui tombe dans leurs mains. Je ne peux point laisser cette situation continuer, je me retourne alors posant ma main libre sur mon torse.

- Ylma pardonnera votre ignorance. Vous êtes aveuglés par la faim et la peur, vous viendrez me voir quand vous souhaiterez voir vos péchés lavés.

Ils s'esclaffent de rire suite à mes dires pendant qu’ils continuent d’envoyer les projectiles que je dévie aisément.

Une fois arrivé face à l’église, les projectiles se taisent et ils me laissent seul, à prier pour leurs salut.

La jeune fille resta enfermée dans ma bulle de verre, a son droit à l’asile d’exaucé contre une prière et son silence.

Guidé par la lumière de la lune, mes genoux à terre face au tombeau doré de Řhœl. Depuis que j'avais pris sa position dans les terres où la neige ne fond jamais, les hérétiques et les catastrophes ne faisaient qu'augmenter.

À laisser la foi être autant bafouée, suis-je un mauvais croyant, un mauvais membre du Rënõ.

Alors que le désespoir fait flétrir mon cœur, je ne me laisse point abattre.  Je garde les mains jointes, les yeux fermés, et pour montrer à Ylma sa grandeur, je pose ma tête sur le sol. Je prends une grande inspiration et hurle, expulsant tout l'air que j'avais aspiré dans mon être. 

- Ylma, je vous supplie d'écouter cette odieuse demande. Le peuple que je dirige dessèche de faim, il est dévoré par les rats et leurs venins. Sans savoir où nous avons fauté pour mériter un tel jugement. Je quémande votre aide et clémence, quel que soit le prix à payer.

Après ces paroles, une douce lumière prend forme face à ma tête couchée sur les pierres couvertes de glace de l'église. Une lumière si forte qu'elle éclipse celle de la lune. La manifestation divine s'accompagne d'une voix douce et bienveillante.

- Tamazràn, tu peux relever la tête maintenant.

Je relève ma tête avec un de mes genoux à terre. Une messagère d’Ylma se tenait face à moi, émettant de ses ailes dorées une imposante lumière. Mes yeux ne dévient pas de ceux de l’ange, je lui fais signe que je l'écoute pleinement.

- Votre prière à été entendue, dans sa bonté d’âme, Ylma va exaucer votre souhait.

Elle dépose sa main droite sous son menton et souffle. L’air déplacé par l’ange se transforme peu à peu en or, laissant un voile d'or lentement tomber sur le sol.

- Attrape une étoile dorée Tamazràn.

Je m'exécute alors, laissant une paillette d’or se loger dans le creux de ma main. Immédiatement au contact de ma main, la paillette se déforme et change de couleur pour finalement former une croute dont ma main s’enfonce légèrement sans pour autant entrer dans sa chair, la farine se collant aux doigts de ma main, pendant qu’une odeur réveille mon estomac qui dépérissait … C’est l’odeur du pain.

C’est le miracle ! Celui que l’on attendait depuis tant de temps !

Mes larmes s'étalent sur le sol, je ne peux les retenir face à de tels évènements. Je n’avais pas quitté l’ange des yeux, cette ange qui souriait avec bienveillance. C’est alors que ses lèvres se mirent de nouveau à bouger.

- Membre du Rënõ, puisse ce pain alléger les souffrances de votre peuple. Donnez le à ceux dont la peste grignotte l’existence pour réduire cette maladie à néant. Donnez le à ceux mourant de faim pour les rassasier. Je suis sûre que vous saurez quoi faire. Mais, avant de partir retrouver maître, je me dois d’évoquer un grand regret. Ylma ne peut agir autant qu’il le voudrait, si des ignorants entreprennent de l’étouffer. Si des ignorants entreprennent à l'ignorer.

- Il existe donc des êtres tel ?

- C'est malheureusement le cas, des êtres ignorent la bonté d'Ylma l'étouffant dans l'ignorance, le privant de ses pouvoirs divins contre des maigres et inaptes marionnettes. Je dois m'en aller maintenant, ma présence dans ces lieux fragilise uniquement le maigre pouvoir encore dévoué envers le créateur.

Elle se dissipe au moment où une bourrasque de vent enneigé pénètre dans le sanctuaire ; ne laissant plus que des paillettes d'or éparpillées avec la neige.

Je me relève tout en saluant la tombe du saint qui m'avait précédé. Ma main s'agrippe avec force à la lance que j'avais posée contre le mur.

C'était à cause de ces hérétiques qu'Ylma était affaiblit, que les cataclysme s'abattent sur nos terres.

Je vais purifier le monde de ces meurtriers.

Je m’avance face à la bulle de verre, où je dépose ma main. La pierre transparente se fissura au contact de cette dernière, avant de se transformer en pluie de petite particule vitreuse. La petite fille resta dans sa position de prière, la tête touchant le sol.

- Prend mon enfant.

Je lui tend l’aliment divin, qu’elle se précipite à pendre et dévorer. Je la regarde, espérant voir une quelconque réponse du miracle, et mes attentes furent exaucées, les pustules explosent toutes en un nuage jaunâtre, pendant que les yeux de la jeune fille retrouve sa couleur originelle.

- À partir d’aujourd’hui, la peste a quitté ton corps. Tu peux maintenant relever la tête et vivre. Comment te nomme tu mon enfant ?

- Ụțra Tricksy.

Ce nom de famille m’est familier, c’est celui d’une maison bourgeoise dans les alentours, cependant cette dernière à dû succomber à cause de la peste.

- Très bien, sache que l’église t’ouvrira toujours grand la porte. Si tu le souhaite, je peux te conduire dans un monastère pour que tu remercies Ylma de t’avoir redonné la vie.

Elle hoche uniquement la tête en guise de réponse. Cette réponse posa un sourire sur mon visage.

- Peux tu rester ici le temps que je distribue le pain aux fidèles ?

Elle réplique le même mouvement de tête.

Je me relève après cette action, en tenant fermement ma lance. Pendant que je marche sur les morceaux de pierres, brisant la glace sous mes pieds, je ramasse tous les pains que je peux, les déposant dans un baluchon, prêt à venir en aide à tous ceux qui en ont la nécessité.

Une fois la porte de l’église ouverte, j’avance dans la neige vers le village, à chaque individu dans le besoin, je tend un pain, leurs notifiant de l’offrir en priorité à ceux qui sont malades.

Le miracle se propagea très rapidement amenant assez rapidement le païen et son groupe.

- Du pain miraculeux ? Il cherche de l’attention pour son p’tit Ylma ! Il gardait tout ça pour lui ! Et maintenant, on l’a tellement caillassé qu’il nous donne …

Je ne pouvais pas entendre un mot de plus de cet hérétique. Je vais défendre mon dieux, je ne vais pas le laisser être humilié plus longtemps, je ne vais pas le laisser perdre son pouvoir, je ne vais pas les laisser répandre la torture de leurs croyances puante, se nourrissant de la terreur qu’ils ont créés.

Pour le bien de tous, je vais abandonner le premier principe. Ylma, je vais commettre l’impardonnable, mais je souhaite que tu protèges les autres pécheurs avec toute ta force. Je prierais pour mon impossible pardon jusqu’à la fin de mes jours.

Ma lance s’était enfoncé dans le ventre de l’impardonnable monstre masqué. La lance s’enfonce dans le mur accompagnée par le cracheur d’absurdités.

Je m’avance face à la chose qui crachait du sang et agitait ses jambes, cherchant à poser ses pieds sur le sol, à se dégager … Au moment où ses mains attrapent la lance qui l’empale, nos regards se croisent, à travers les petites lunettes de verre, je peux voir le fou derrière son masque de corbeau.

Je ne laisse pas proliférer plus de mensonges mortels avec sa langue fourchue.

Sans aucune hésitation je serre mon poing et donne un coups droit dans le visage de cette insulte à Ylma.