NOTES SUR LE ZHIHUA


Endroits concernés : Cliganus 

Le Zhihua (之話) – localement Jjë̄ghuà [d͡ʑə˥.(ɣ)wa˥˩] – est le dialecte du Jingwen (京文) parlé dans la région de Zhihu (之湖). Il ressemble énormément au Mandarin (中文) parlé sur Terre, mais dispose de différences notables, qui seront ici données.

Phonologie

 

Bilabiale

Alvéolaire

Palatale

Vélaire

Glottale

Nasale

m

n

 

 

Occlusive

Aspirée

 

 

Sourde

p

t

k

ʔ

Voisée

b

d

g

 

Affriquée

Aspirée

 

tsʰ

tɕʰ

 

 

Sourde

ts

Voisée

dz

Fricative

Sourde

f

s

ɕ

h

Voisée

 

z

ʑ

(ɣ)

Approximante

w

l

j

 

 

 

 

Antérieure

Centrale

Postérieure

Non Arrondie

Arrondie

Fermée

i

y

 

u

Mi-Fermée

e

ø

ə

o

Mi-Ouverte

ɛ

(œ)

ɔ

Ouverte

a

 

Le Zhihua présente une large monophtonguisation des diphtongues présents en Mandarin. S’il garde du Chinois Médiéval la finale /-m/ et l’initiale /ʔ/, il réintroduit le voisement comme allophone des consonnes sourdes devant /w-/ et /ɥ-/, puis les diphtongs suivants se simplifient ainsi :

Mandarin

Zhihua

Pinyin

API

Pinyin

API

-ie

-je

-ei / -ie

-e

-ei

-ej

-ia

-ja

-ai / -ia

-ai

-aj

-üe, yue

(-)ɥe

ö

ø

-üa, yua

(-)ɥɛ

œ

-uo, wo

(-)wo

wo, -ou

o

-ou

ow

weN, -uN

(-)wə

-o

-o

o

ɔ

-ao

-aw

-ua

-wa

e

ə, ɤ

e

ə

-i

-ɹ̩

-iu, yo-

jo

-io, yo

 

Les finales se simplifient dans l’ordre suivant : glide finale, puis glide initiale. S’il y a deux glides, et que le résultat de la glide finale ne permet pas de faire une nouvelle simplification, la glide initiale est conservée. Elle est aussi conservée s’il y a une initiale nulle, auquel cas il n’y a pas de monophtonguisation, e si la glide initiale est /w/, elle est aussi conservée après l’initiale /ɣ-/ (gh). L’initiale /ʔ-/ au contraire disparaît que si elle précède une glide.

L’initiale /ŋ/ est aussi conservée du Chinois Médiéval, avec pour évolution la création d’une glide /w/ pour /ŋw/, mais du fait de l’influence du Jingwen standard la plupart des dialectes éduqués ainsi que certains dialectes urbains la perdent ou bien la font devenir /g/, qui est aujourd'hui sa plus commune prononciation.

Il faut noter que la finale /-œ/ peut être analysée comme un allophone de /-ø/, comme elle n’apparaît que avant les codas /-n/ et /-m/. Aussi, à la différence de la plupart des dialectes Mandarins, la coda /-ŋ/ n’entraîne pas de nasalisation de la voyelle.

La coda /-ɻ/ n’existe pas, n’ayant pas eu le développement ɻV > Vɻ /_#, et ainsi donnant plutôt l’initiale /ʑ-/ mais avec le même ton que celui de l’original.

Parmi les consonnes nouvellement voisées, l’initiale /v-/ est devenue /w-/, et l’initiale /ɣ-/ n’est conservée que dans certains dialectes éduqués. Aussi, les consonnes rétroflexes sourdes quand dans le ton 1 ou le ton 3 deviennent voisées. Ensuite, les consonnes rétroflexes deviennent alvéo-palatales.

Les consonnes alvéo-palatales deviennent souvent post-alvéolaires quand ils sont devant une voyelle postérieure ainsi que devant /a/.

Les tons se retrouvent changés, étant réorganisés en tons montant et descendants dans les registres hauts et bas. Ainsi :

  Ton 1 Ton 2 Ton 3 Ton 4 Ton 5
Mandarin ā ˥ á ˩˥ ǎ ˨˩˦ à ˥˩ a ∅
Zhihua à ˥˦ á ˧˥ áh ˩˧ àh ˧˩ a ∅

Le ton entrant est préservé de manière plus régulière que le Mandarin Standard, avec le ton 7 du Chinois Médiéval Tardif devenant le ton 1.

Les règles de sandhi tonal sont aussi différentes, mais elles seront exposées un autre jour.

Lorsqu’une syllabe avec une initiale nulle suit une syllabe avec une coda, l’une de deux stratégies peut être utilisée : après /-ŋ/ suit généralement directement la finale de la deuxième syllabe, quoique parfois un second /ŋ-/ non phonémique est inséré. Alternativement, l’autre stratégie utilisée pour les finales en /-n/ et en /-m/, et même parfois (quoique rarement) quand la finale est une voyelle, s’ajoute au début de la seconde syllabe un /ɦ-/. Ces stratégies sont souvent plus efficaces dans les dialectes ayant perdu /ɣ-/ et /ŋ-/, et certains dialectes font réapparaître ces initiales perdues dans les cas où le caractère n’est pas le premier d’un mot.Ainsi :

 

雙岸
zhóngh ành
[ʑɔŋ˩˧.(ŋ)an˧˩] / [ʑɔŋ˩˧.ŋan˧˩] / [ʑɔŋ˩˧.ɦan˧˩] (rare)
Shuang’an (ville)

 

軟臥
zhónh ngòuh
[ʑɔn˩˧.(ŋ)o˧˩] / [ʑɔn˩˧.go˧˩] / [ʑɔn˩˧.ɦo˧˩]
Sieste

 

 

Zhihua Pinyin :

 

Bilabiale

Alvéolaire

Palatale

Vélaire

Glottale

Nasale

m

n

 

ng

 

Occlusive

Aspirée

p

t

 

k

 

Sourde

b

d

g

Voisée

bb

dd

gg

 

Affriquée

Aspirée

 

c

q

 

 

Sourde

z

j

Voisée

zz

jj

Fricative

Sourde

f

s

sh

h

Voisée

 

sz

zh

(gh)

Approximante

w

l

y

 

 

 

 

Antérieure

Centrale

Postérieure

Non Arrondie

Arrondie

Fermée

i

ü

 

u

Mi-Fermée

ei / ie

ö

e

ou

Mi-Ouverte

ai / ia

ö (ọ̈)

o

Ouverte

a

 

Ton

1

2

3

4

API

˥˦

˧˥

˩˧

˧˩

Pinyin

à

á

áh

àh

a

Translittérations du Mandarin au Zhihu. La prononciation en Mandarin est donnée en italique avec le Pinyin dans la dernière ligne.

 

我昨天晚上太晚睡覺了。
Ggóuh zzóu tàin wánh shàngh tàih wánh zhuèih jò lou.
[go˩˧ dzo˧˥ tʰɛn˥˦ wan˩˧ ɕaŋ˧˩ tʰɛ˧˩ wan˩˧ ʑwe˧˩ tɕɔ˥˦꜔ lo꜋]
Wǒ zuó tiān wǎn shàng tài wǎn shuì jiào le.

 

欸,話可不能這麼說!
‘Éih, ghuàh kéh bùh néng jèh me zhòu !
[ʔe˩˧ (ɣ)wa˧˩ kʰə˩˧ pu˧˩꜔ nəŋ˧˥ tɕə˧˩꜒꜖ mə꜊ ʑo˥˦]
Ěi, huà kě bù néng zhè me shuō !

 

欸,我明天準時來!
‘Èih, ggóuh míng tàin jjóunh shé lái !
[ʔe˧˩ go˩˧ miŋ˧˥ tʰɛn˥˦ dʑon˩˧ ɕə˧˥ lɛ˧˥]
Èi, wǒ míng tiān zhǔn shí lái !
 

Grammaire

Le Zhihua a tendance à ne pas utiliser de copule, préférant utiliser des démonstratifs comme 這 (qè) (之 (jē) est considéré comme vieux, et désormais n’est utilisé que pour parler du peuple Zhi). Le démonstratif 個 (gè) s’est aussi développé comme une sorte de marqueur Nominatif, mais il est utilisé que quand d’autres démonstratifs ne sont pas déjà utilisés pour le sujet, ou bien quand le sujet n’est pas clairement défini (il ne peut donc pas être utilisé comme classificateur).

個, lorsqu’il est associé à un prénom personnel, peut être utilisé comme un marqueur de thème (comme le japonais は). Il peut aussi être utilisé pour un objet indirect, si celui-ci est important. Cette locution est toujours utilisée en début de phrase :

 

個孩子讀這書耶。
[kə˧˩ hɛ̌˧˥꜖꜒.tsə˩˧꜕꜓ tu˧˥ tɕə˧˩꜒꜖ ʑu˥˦ je꜊]
Gèh háizéh dú jèh zhù yei.
ᴛᴏᴘ enfant lire ᴅᴇᴍ livre ᴘᴀʀᴛɪᴄᴜʟᴇ.ɪɴꜰᴏʀᴍᴀᴛɪᴏɴ
C’est l’enfant qui lit ce livre.

 

個你我買了一枚好看的珠寶耶。
[kə˧˩ ni˩˧ go˩˧ mɛ˩˧ lo꜉ ʔi˥˦ me˧˥ ho˩˧.kʰan˧˩ tə꜊ dʑu˥˦꜒꜖.pɔ˩˧ je꜊]
Gèh níh ǀ ggóuh máih lou ‘ì méi hóhkành de jjùbóh yei.
ᴛᴏᴘ tu je acheter 1 ᴄʟ joli ɢᴇɴ pierre.précieuse ᴘᴀʀᴛɪᴄᴜʟᴇ.ɪɴꜰᴏʀᴍᴀᴛɪᴏɴ
Tu sais, c’est à toi que j’ai acheté une belle pierre précieuse.

 

Le Zhihua est aussi connu pour son utilisation importante de particules finales pour caractériser la phrase. Certaines des particules les plus courantes sont les suivantes :

Signe

Pinyin

Signification

a

Indique l’accord, le consentement, et l’ajout d’un argument

ga

Particule interrogative, équivalente à 嗎

la

Indique une exclamation, quelque chose d’évident, le désappointement face à une erreur (pas un accident) ou l’exaspération

lei

Indique le désaccord, l’opposition, est parfois utilisé pour renforcer le négatif

mei

Indique un doute ou une surprise

na

Indique une attente de réponse

ne

Retourne la question au locuteur ~ "et toi ?"

o

Indique l’informalité, l’approche amicale

ba

Indique un désir, une suggestion

bei

Indique le manque d’enthousiasme, l’ennui, est souvent utilisé dans l’ironie

qang

Indique qu’une information qui n’a pas de source sure, ou une idée qui passe par la tête ("et si", "je pense que")

yo

Indique l’excitation, l’admiration ou l’impatience par rapport à l’arrivée de quelque chose heureux

yei

Indique que c’est une information dont en fait part

Plusieurs particules peuvent apparaître à la fin d’une même phrase, mais il est coutume d’en avoir un maximum de 2, éventuellement 3.

 

個客廳我們會用財柳的椅子羌呐、這些方便耶啊。
[kə˧˩ kʰə˥˧.tʰiŋ˧˥ go˩˧.mən꜊ (ɣ)we˧˩ jɔŋ˧˩ tsʰɛ˧˥꜖꜒ ljɔ˩˧ tə꜋ ʔi˩˧ tsə˩˧ tɕʰaŋ꜊ na꜊ tɕə˧˩ ɕe˩˧ faŋ˧˩.pɛn˧˩ je꜋ a꜊]
Gèh kètíng ǀ ggóuhmen ghuèih yòngh cái lióh de ‘íh zéh qang na, jèh shéih fànghbàinh yei a.
Pour la salle, on pourrait prendre des chaises de Cái Lióh, non ? - elles sont très pratiques.

 

Le mot 啲 (ddì) peut être utilisé avant un classificateur pour préciser un pluriel, à la différence de mots comme 些 (xèi) qui signifie plusieurs, un nombre important, ou 某 (móuh) qui signifie peu, pouvant être utilisés à ce même emplacement. Mais des expressions trouvées en Mandarin comme 一些 sont tout de même utilisées, quoique plus rares.

Si les pronoms personnels sont les mêmes qu’en Mandarin, il existe quelques pronoms spéciaux pour les relations familiales.

夫 – fù – Utilisé pour s’adresser à son mari
妻 – qì – Utilisé pour s’adresser à sa femme
囝 – jáinh – Utiliser pour s’adresser à l’un de ses enfants
囝們 – jáinhmen – Utiliser pour s’adresser à plusieurs de ses enfants

S’ils sont généralement utilisés comme des formes spéciales de la IIème personne, ils sont parfois aussi utilisés à la IIIème personne.

囝 et 囝們 sont aussi des formules d’adresses utilisées par un dirigeant envers ses subordonnés. 夫 et 妻 sont, quoique très rarement, utilisés par des prêtres pour parler d’un dieu auquel ils rendent hommage, mais rares sont les dieux pour lesquels c’est pertinent, et d’autant plus les communautés qui utilisent cette locution.

 

夫要不要在邑場買啲顆蛋卵啦?
[fu˥˦ jɔ˧˩ pu˧˥ jɔ˧˩ tsɛ˧˩ ʔi˧˩.tɕʰaŋ˩˧ mɛ˧˩ di˥˦ kʰə˥˦ tan˧˩.lɔn˩˧ la]
Fù yòh bú yòh zàih ‘ìhqángh màih ddì kè dànhlónh la ?
Est-ce que tu (le mari) vas finir par aller au marché acheter des œufs ?
 

Vocabulaire

La plus grande partie du vocabulaire du Zhihua correspond avec le Mandarin, malgré les différences de prononciations, mais certains mots sont différents.

De même que le Jingwen (京文) une série de mots s’adressent à des concepts spécifiques :

Mot en Mandarin

Remplacement en Zhihua

Signe

Pinyin

Sens

Signe

Pinyin

Sens

shèh

Ville de Shi

‘ìh

Village

zhàn

Monts de Shan

méih

Montagne

 

Mais il existe aussi des mots spécifiques :

Mot en Mandarin

Équivalent en Zhihua

Signe

Pinyin

Signe

Pinyin

Sens

鷄蛋

jī dàn

蛋卵

dành lónh

Œuf

jáinh

Enfant (du locuteur)

城市

chéng shì

同邑

tóng ‘ìh

Ville

小睡

xiǎo shùi

軟臥

zhónh ngòuh

Sieste

Écriture

Le Zhihua est écrit de la même manière que le Chinois Mandarin, en utilisant les caractères Chinois. Mais le Zhihua est particulièrement connu pour sa calligraphie très particulière, nommée kòshéih (高寫). Elle est caractérisée par des caractères fins, mais très longs. Chaque élément est écrit en un seul coup de pinceau, mais deux éléments d’un même caractères ont deux coups de pinceau différents.

Ce script est connu pour être particulièrement difficile à comprendre pour les personnes habituées au style plus carré des caractères commun dans les autres territoires, ce qui en fait un candidat préféré pour la cryptographie.

Mise à jour : 9 novembre 2021 11:10 Auteur : Stefbad